Etre mère et femme.

Ce qui me pose le plus problème dans la maternité est de rester femme. De ne pas être noyée sous les obligations et les joies de la maternité au point de n’être plus qu’une mère.

Cette angoisse m’a poursuivie tout au long de ma grossesse. Serai-je toujours la même ? Le regard des autres allait-il changer ? Mes copines continueraient-elles de m’inviter à sortir ? Allais-je devenir esclave de ce petit bébé ?

Je voulais rester la même à tout prix, ne pas changer, ne faire aucune concession à cette maternité si belle et si dérangeante à la fois.

J’ai laissé ma fille à ma mère pour la première fois trois semaine après sa naissance pour tout une après-midi. C’était selon moi nécessaire, sinon nous n’arriverions jamais à couper le cordon.Un mois après ma césarienne, je sortais en boîte avec mes copines. Je n’ai jamais aimé les boîtes. Deux mois après, je recommençais la course à pied. J’ai toujours détesté courir. Je recevais sans cesse pour montrer que j’étais mère, oui, mais pas encore morte. Le tout en cherchant du boulot.

Au bout de trois mois, je me suis retrouvée complètement épuisée, bouffie par toutes les saloperies que j’ingurgitais depuis la naissance pour tenir le coup. Je pleurais le soir en ayant l’impression que les journées passées au rythmes de mon bébé étaient inutiles et vides de sens. J’angoissais à l’idée de me laisser toucher de plein fouet par la maternité, de me laisser emporter par cette vague d’amour et de guimauve. De n’être plus qu’une mère.

Étonnamment, j’ai réussi à lâcher prise au moment ou j’ai trouvé du boulot. Il me restait deux mois à passer avec ma fille, j’en ai donc profité au maximum. Je suis devenue gnangnan, pot de colle, mère hyper protectrice le temps d’un été.

Travailler est ce qui me fait sentir pleinement femme et pas uniquement mère, et me permet de trouver un équilibre. De pouvoir rester femme pour mon mari aussi, de lui raconter ma journée, de l’entendre s’intéresser à mes histoire de boulot et de lire de l’admiration dans ses yeux.

D’être son égale, d’une part financièrement, puisque je contribue à part égale aux charges du ménage, et d’autre part dans l’éducation de notre fille. Parce que notre temps de présence est à peu près équivalent, les relations avec la crèche ou les rendez-vous médicaux sont gérés à deux. Il en fait même un peu plus que moi pour être honnête. Je craignais d’être la seule référente en cas de soucis, mais la crèche a vite compris qu’il ne servait à rien de m’appeler lorsque j’étais en déplacement. Le pédiatre s’est accommodé de voir un père accompagner seul son bébé lors des rendez-vous. Et mon mari a trouvé sa place en tant que parent à part entière et non comme« parent remplaçant » comme c’est encore trop souvent le cas des pères aujourd’hui.

Je ne pense pas avoir trouvé un équilibre, ma culpabilité demeurant trop prégnante : culpabilité de la laisser le matin, de rentrer tard le soir, de ne pas systématiquement jouer avec elle, de ne pas lui proposer plus d’activités.

Mais je pense que ces questions sont celles de toutes les femmes qui cherchent un équilibre entre leur condition de femme et leur statut de mère. Et qu’il faut simplement vivre avec tout en se remettant régulièrement en question.

Et vous quel est votre équilibre ? Vous sentez vous toujours femme en étant mère ?

 

10 réflexions au sujet de « Etre mère et femme. »

  1. Je peux tout à fait imaginer cette ambivalence de sentiments, et surtout de vouloir rester femme bien que maman. J’ai souvent dit à mon mari qu’il n’avait pas intérêt à m’appeler maman en dehors des conversations qu’il aura avec nos enfants^^
    Maintenant, vu ma situation de « nulle-i-pare » infertile, je me sens tellement rejetée par les mamans de mon entourage que j’aurai presque envie d’en être une à temps plein, rien que pour pouvoir leur rebattre les oreilles comme elles ont pu le faire…
    En tout cas, il nous est bien difficile de trouver notre « juste » place dans cette société qui conditionne notre statut, mais tant que tu t’y retrouves toi-même je trouve que c’est le principal!
    (ps: je n’oublie pas le Liebster Award – d’ailleurs, merci à toi – je m’y attèle très bientôt!)
    Bises 🙂

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    1. Oui effectivement, tu fais face à d’autres problématiques plus douloureuses… je trouve horrible que tu puisses être rejetés par le gang des mamans alors que les mères ont souvent l’impression d’être rejetées elles-même et s’en plaignent. qioi qu’il en soit c’est nore place en tant que femme qu’il est difficile de trouver…qu’on soit fille, épouse, mère, célibataire, professionnelle, mère au foyer. je crois que la plupart des femmes ont cette impression de difficilement trouver leur place.

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      1. C’est un rejet très inconscient de la part des mamans, il suffit qu’elles se branchent sur le sujet de l’allaitement/le choix de la crèche/les bricolages d’école reçus pour que ça se barre en sucette sans avoir spécifiquement l’intention de m’exclure de la conversation…
        Tu as raison, quoiqu’on fasse, il nous est toujours un peu difficile de trouver notre place.

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  2. Si un jour tu trouves l’équilibre dis moi je le cherche depuis 3 ans 😉
    L’équilibre dans mon couple n’a pas pris si longtemps à s’établir. Même si pour le coup je gère plus de choses au quotidien, emplois du temps pro obligent…
    Par contre à l’extérieur. Je me sens peu légitime avec mes copines sans enfant, et pourtant j’envie leur liberté de mouvement, d’action, leur implication sans faille dans leur carrière.
    Bien sûr j’adore mes enfants, mais je reste mère avant tout, et même dans mes moments femme, je ne peux jamais oublier mon autre rôle complètement. Alors que je peux très bien faire abstraction de mon job 😬😬

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    1. J’au retrouvé un semblant d’équilibre en travaillant, mais bien précaire malheureusement…. c’est une remise en cause permanente, assez épuisante ! Et effectivement ce que j’envie aux célibataires, c’est cette tranquillité d’esprit qui leur permet de satisfaire leurs besoins en priorité… sans penser en permanence à leurs petits monstres ! Après, je pense sincèrement que les mères ont des qualités qui les distinguent dans le monde du travail : grosse capacité de travail, adaptabilité, gestion de crise, etc 😉 même si elle ne sont pas assez valorisées, malheureusement !

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  3. Je ne serai jamais mère et lorsque je projetais d’avoir un enfant je ne m’imaginais nullement ce que je serai en tant mère et en tant que femme.
    Pourtant la question de la féminité, le fait d’être la femme de mon mari m’a longtemps taraudée.
    Sans doute parce que dans ma famille la culture du féminin a été très peu présente et que j’ai le sentiment d’avoir construit seule et de manière partielle ma féminité (ohlala pas claire la dame….;)

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  4. Et moi qui pensais qu’il allait s’agir de comment garder la vie sensuelle d’une femme au même temps que d’être englober par les résponsabilités et les sentiments d’un parent. Mais il semble que cet hiver-ci, c’est le travail qui laisse une femme sentir pleinement femme. « Ah well, » comme nous disons ici à New York. En tout cas, merci pour le texte, et bonne année ! – William Eaton, Montaigbakhtinian

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    1. Ahah, désolée que ce billet ne soit pas plus sensuel ;)… un prochain peut être !
      Il ne s’agit que de mon cas. Je me sens plus femme en travaillant, car je me laisse moins aller, mon intellect est stimulé. Travailler me permet également de rencontrer du monde, de dévelloper une vie sociale, et de trouver ma lace dans une société dans laquelle nous sommes définis par ce que nous produisons. Alors peut-être faudrait-il s’affranchir de cette vision, mais pour l’instant cette vie me convient !

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